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  • Photo du rédacteurGuillaume Liberty

Projet Complexe : Séance avec Claire.


Le regard sur les corps gros reste inchangé dans la plupart des médias mainstream. Pour cause, le débat sur la représentation de ces morphologies par rapport à l'images qu'elles renvoient fait toujours couler beaucoup d'encre et il est difficile de changer les mentalités tant le consensus peine à trouver sa place dans les consciences collectives. Entre jugement, pitié, dégout et revendication politique, afficher un corps défini comme gros relève du combat quotidien. Il serait impossible d'aborder toutes les thématiques liées à ce sujet (des concepts de santé, psychologie, sociaux etc..) mais j'ai voulu photographier l'un de ces corps, celui de Claire. Comme toujours dans mon travail, il est impossible de dissocier le corps de la personne, c'est pourquoi, plus qu'une démarche esthétique, c'est une rencontre avec cette femme, photographe, mère et qui a vu son corps changer au détriment de son estime de soi. Avant de laisser la parole à Claire, voici un petit avant-propos.


Le projet complexe a vu le jour à l'automne 2022. Alors que je questionnais mon approche de la photographie et plus particulièrement de ma gestion clients, je constatais une fois de plus le manque de diversité dans les corps que je photographiais et publiais dans mon contenu instagram. Bien sûr je ne choisissais pas mes clientes mais il est évident que je retrouvais une moyenne de morphologie, d'âge et de couleur de peau. Les photos appelant de potentiel.le.s client.e.s, il était normal de ne pas avoir plus de corps gros, de peaux noirs ou ridées dans mes demandes puisque je ne partageais pas ce contenu. Cela me posait un vrai problème éthique, celui du devoir en tant que personne publiant un contenu public et portant un discours inclusif. J'ai donc décidé de travailler cette question de la représentation de ces caractéristiques physiques sous-représentées sur instagram.

Comme mon travail consiste à faire changer le regard de certaines personnes sur leur corps, j'ai pensé qu'il serait judicieux d'aller dans ce sens et de prendre comme sujet de fond, les complexes. Souvent issus de notre propre projection par rapport à l'image du corps sociétalement normé, le complexe n'a jamais une meilleur raison d'être qu'une autre. Il est la marque au fer rouge de notre différence selon un schéma qui est profondément ancré en nous.

Changer le regard sur les complexes ne signifie pas les effacer. C'est faire de ces différences des variantes d'un modèle qui n'existe pas.


Et maintenant, la parole est donnée à Claire :


"On dit que donner la vie est la plus belle des choses à vivre et c’est vrai, mais elle peut aussi pour une femme ne pas être la plus facile. Pour tout un tas de raisons (physiques ou psychologiques) Moi j’avoue avoir connu les deux."



"Mais celle qui laisse le plus de « cicatrices » c’est bien celle sur l’aspect physique. Quand certaines retrouveront leurs corps d’avant très rapidement (et peut-être même un corps encore plus harmonieux) d’autres comme moi, seront marquées par une poitrine tombante, vide et accompagnée d’un ventre (à mon sens et ça n’est que mon regard sur le mien) disgracieux. Alors quand Guillaume a lancé son projet sur les complexes, j’ai eu envie d’en faire partie parce que ça me parlait tellement ! Je savais que ça allait être douloureux de me voir mais je voulais aussi mettre des images sur des maux et pourquoi pas en plus, avoir ce déclic que j’attendais, de vouloir changer…"



"Je n’ai pas toujours donc été complexée par mon ventre, ni ma poitrine par mon poids oui, ce qui m’a d’ailleurs valu de perdre 40 kgs après la naissance de mon premier enfant. Double claque pour le corps voyez-vous. Alors l’arrivée de mon deuxième fils ça a été « the cherry on the cake ». Je ne les tiens évidemment pas responsables mais il est vrai que parfois mon corps d’avant me manque, mes seins bien bombés et galbés, mon ventre plutôt finalement plat."


"Aujourd’hui, j’évite le miroir, je n’en ai d’ailleurs aucun chez moi. Ça n’est malgré tout pas difficile à voir et à deviner par le toucher (oui je me rends compte même parfois que je me pince le bas du ventre quand j’ai les mains dans les poches, l’air de me dire oui oui il est bien là, tu le sens ? Bien flasque et tombant) Et dans la vie intime je ne vous en parle pas… mon mari ne peut plus le toucher (ne serait-ce que poser sa main dessus) et il en va de même pour ma poitrine." "Alors voilà, ce ventre, cette poitrine, font partie de mon corps. Et bien que d’autres choses pourraient me complexer (mes gros bras par exemple) je ne vois que ça. J’y vois parfois la beauté de la vie et parfois j’y vois la souffrance d’une féminité. Et je dois vous l’avouer ça commence à me ronger… "








"Alors merci Guillaume, pour ces clichés. Merci d’avoir mis ton œil sur mon corps un peu particulier mais surtout merci pour ce projet, qui deux moi après je peux le confirmer, m’a aidé à déclencher ce déclic que j’attendais 🫶🏻"


Merci Claire. Merci pour tout.


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